Sarajevo, 28 juin 1914. Une automobile découverte roule lentement dans une rue étroite de la petite ville, capitale de la Bosnie. Dans une voiture ont pris place l'archiduc François-Ferdinand, prince héritier d'Autriche-Hongrie, et sa femme, la duchesse Sophie de Hohenberg, venus en visite officielle dans cette Bosnie que l'Autriche-Hongrie a annexé 4 ans plus tôt. Le cortège traverse une foule assez indifférente, mais l'atmosphère est tendue. Il y a quelques instants, en effet, les hôtes princiers ont échappé à un attentat: une grenade a été lancée en direction de leur voiture. La réception à l'Hôtel de Ville n'a guère dissipé le malaise. Le prince a décidé de l'abréger et de se rendre à l'hôpital auprès des victimes de l'agression. Soudain, sur le parcours, un jeune homme surgit de la foule. Il bondit sur le marchepied de la voiture. On entend une, deux détonations. L'homme tient encore à la main un pistolet. C'est un tumulte indescriptible: tout le monde hurle, les soldats de la suite se précipitent sur l'assassin. Sur les sièges ensanglantés de la voiture gisent les corps de l'archiduc et de son épouse.
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